Petite histoire de l'A.B.C.
Le 21 septembre 1948 fut constituée, sous forme d’association sans but lucratif (A.S.B.L.), par acte notarié, la Junte Crossiste, Syndicat des Amateurs de Jeux d’Esprit (Moniteur belge du 02.10.1948). Avaient comparu à l’acte, Jean DELEEUW, le véritable fondateur, Paul DOYEN et Joseph YSEUX.
Aux termes de l’acte, « l’association a pour objet la défense des intérêts des amateurs de jeux d’esprit, l’élaboration d’un code y relatif, la vulgarisation et la publication de ceux-ci et l’organisation de compétitions destinées à promouvoir une saine émulation entre les adeptes des jeux d’esprit ».
Pour comprendre la dénomination de « Junte Crossiste », il faut se replacer à l’époque. Déjà avant la guerre, dans les années 30, la plupart des journaux et revues publiaient des concours de mots croisés dotés de prix importants. Certains organisateurs étaient honnêtes, d’autres l’étaient beaucoup moins et plusieurs étaient même de véritables escrocs, sortant des solutions gagnantes de plus en plus farfelues. Ils communiquaient ces solutions à l’un ou l’autre complice qui, pour seule récompense de sa complicité, devenait unique lauréat sans empocher le magot. Dans d’autres cas, les lauréats étaient fictifs pour la totalité ou pour une grande partie. Comme il s’agissait d’un jeu, les participants dupés étaient sans recours.
Jean DELEEUW mit le doigt sur la plaie et parvint à mobiliser quelques véritables amateurs de ce nouveau sport cérébral pour s’insurger contre ces pratiques malhonnêtes, et à s’ériger en « Junte » à l’instar de ces gouvernements d’Amérique Latine qui se constituaient pour combattre les abus de l’une ou l’autre démocratie branlante. De la part de la junte crossiste, ceci n’avait évidemment rien de fascisant mais le terme de « Junte » est sans doute justifié par l’état d’esprit qui régnait à l’époque. Le mot « cruciverbiste » n’avait pas encore été inventé mais, pour tout ce qui concernait les mots croisés on avait forgé les mots « crossisme » et « crossiste » qui nous venaient de l’anglais « crosswords ». On retrouvait d’ailleurs le terme « crossiste » chez nos amis français du Club Crossiste Français (C.C.F.) devenu en 2004 le Club Cruciverbiste Français.
Ce n’est qu’après la guerre que Jean Deleeuw, pour combattre plus efficacement ce qu’il appelait les « margoulins du crossisme », songea à transformer l’association de fait qui existait déjà en une association sans but lucratif officielle et légale. Nous insistons sur le fait que l’association n’a jamais eu de caractère commercial, que tous ses administrateurs et ses collaborateurs occasionnels ou non n’en retirent aucun bénéfice et sont donc purement bénévoles. Tout se passe chez nous au grand jour et seuls sont remboursés les frais, relativement modestes, que ses administrateurs exposent.
L’objet social fut rapidement réalisé dans ce qu’il avait d’urgent : les abus disparurent grâce à l’élaboration et à la rédaction du Code crossiste et grâce aussi à l’institution d’un Comité d’Arbitrage qui veillait à l’application rigoureuse des règles édictées par ce Code.
Les premières dispositions furent établies par une brochette d’as belges et français particulièrement avertis et furent publiés quelques mois après la constitution. Les organisateurs véreux furent éliminés l’un après l’autre et la Junte elle-même publia régulièrement un bulletin officiel où elle fit paraître des concours de plus en plus passionnants.
Depuis juillet 1990, la dénomination est devenue « Association Belge des Cruciverbistes », en abrégé A.B.C., le mot « Junte » ayant acquis une connotation péjorative au fil des événements dans le monde.
En 1996, le Code crossiste a été actualisé et porte maintenant le nom de Code du cruciverbiste.
En 1998, il a plu à Sa Majesté le Roi, de nous accorder la reconnaissance royale. Notre association s’appelle depuis lors « Royale Association Belge des Cruciverbistes ». L’abréviation A.B.C. est devenue R.A.B.C.